Utiliser les techniques de la broderie pour exprimer ses émotions, ses envies, et sa vision du monde est un concept qui attire de plus en plus d’artistes.
La naissance d’une artiste
La Suissesse Emuska, de son vrai nom Emmanuelle Perriard, a pris cette voie il y a quelques années sans le moindre regret. Son surnom, Emuska, vient de son parcours à la MDC Company, une école de danse à Neuchâtel (Suisse), et a été choisi pour représenter sa marque.
Une passion née d’une découverte
Emuska, opticienne de métier, s’intéressait depuis longtemps aux métiers d’art en général. C’est en regardant un reportage sur Lesage et Lemarié, des maisons parisiennes de broderie haute couture et de plumasserie, qu’elle est tombée amoureuse de la broderie. Le geste des brodeuses, avec une main sur le métier et l’autre en dessous, cette répétition et ce rythme l’ont profondément touchée, changeant sa vie. Après un premier stage à Lunéville, elle a suivi des cours avec Elisabeth Gasbarre Roulleau à Lyon. Peu à peu, son geste est devenu plus sûr et maîtrisé. « Je savais que je voulais utiliser cette technique, mais je ne savais pas encore comment », confie-t-elle. Travailler comme exécutante dans un atelier était trop monotone pour elle, car elle avait une véritable artiste en elle qui demandait à s’exprimer.
L’invention du bijou de col
Fascinée par la bijouterie, Emuska a trouvé naturel de l’associer à la broderie. C’est ainsi qu’est né le concept du Bijou de Col, un objet décoratif mêlant tissus, paillettes, perles et points de broderie, destiné à styliser une tenue. Ce concept a attiré l’attention des organisateurs de la Vancouver Fashion Week, qui l’ont invitée à présenter ses créations lors du défilé de mars 2019.
Une aventure à la Vancouver Fashion Week
Cette aventure a été marquée par de nombreux défis. En tant que directrice artistique, Emuska a dû créer non seulement des accessoires brodés et des tenues, mais aussi définir le maquillage et les coiffures. Pour la bande sonore du défilé, elle a collaboré avec son compagnon, Jonathan Bürki, producteur de musique électronique sous le nom d’Extrastunden. Le thème « We are Plastic » critiquait la surconsommation et l’hypocrisie de la société moderne. Des broderies ornaient des pièces en plastique transparent, peints pour représenter des objets courants comme des cravates, des téléphones, des masques, et des capuchons de veste, avec du papier bulle intégré dans les vêtements pour souligner l’invasion de cette matière dans la nature et les relations humaines artificielles.
Une artiste en quête de sens
Cette expérience a été révélatrice pour Emuska. Bien qu’elle ait rencontré des créateurs inspirants, elle a réalisé que l’univers de la mode ne lui correspondait pas. Elle préfère un rythme plus naturel et durable, où une robe peut être portée toute une vie plutôt qu’une saison. Elle défend l’idée de créer des pièces uniques en utilisant des matières recyclées et des objets du quotidien transformés en œuvres d’art, comme des fils scoubidou, des paillettes en carton, des bouts de ballons, des emballages divers, des cheveux, du bois et des câbles métalliques. C’est une approche de l’upcycling artistique.
Un atelier singulier
L’atelier d’Emuska a vu le jour en 2017, grâce à la boutique Drôles de Dames qui lui a sous-loué un espace. Durant l’été, elle a même installé son atelier en extérieur, sur les pavés de la rue du Neubourg, attirant l’attention des passants et des touristes.
Transmission et futurs projets
Transmettre son savoir est essentiel pour Emuska. Elle prépare actuellement des exercices et supports de cours pour enseigner la broderie. Elle souhaite également créer des pièces plus longues et personnelles, comme des tableaux brodés, dénonçant les excès de la chaîne textile, et des accessoires extravagants et colorés. Bien que tous les marchés aient été annulés, elle a été sélectionnée par l’équipe du QG Centre d’Art à La Chaux-de-Fonds pour une vente en ligne sur éditionlimitée.ch.
Emuska aspire aussi à travailler en free-lance pour des ateliers de broderie haute couture, dans la création d’échantillons, où sa créativité pourrait s’épanouir pleinement.
Bonne chance Emuska !