Il y a 15 ans, j’ai découvert la broderie traditionnelle grâce aux kits de Christel Gouze-Elbaz, avec leurs tissus et fils bordeaux, lettrines et motifs délicats. C’est ainsi qu’est née ma passion pour la broderie. Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Christel, son chat et son équipe sur mon site pour une rencontre personnelle riche en découvertes.
Pouvez-vous nous raconter votre histoire personnelle avec la broderie ?
J’ai commencé à broder enfant, chez ma grand-mère Marguerite, couturière de métier pour un grand magasin français. Durant les vacances scolaires d’été, nous passions des après-midis autour d’une table remplie de tissus, de fils, de boutons et d’aiguilles. Pendant qu’elle me confectionnait des robes, elle m’apprenait à coudre un bouton, assembler des tissus, broder quelques points simples pour décorer des pochettes ou des serviettes. Elle considérait ces compétences essentielles pour une petite fille.
Mes premières broderies étaient des canevas en laine imprimée. Plus tard, j’ai dessiné et brodé mes propres motifs, toujours très simples. La réalisation de mon trousseau, incluant des mouchoirs et des serviettes brodées, était très importante pour ma grand-mère.
À l’adolescence, mes intérêts ont changé et j’ai laissé de côté les aiguilles et les fils. Je m’y suis remise en apprenant que j’allais devenir maman.
Devenir professionnelle – comment cela s’est-il passé ?
Après mes études, j’ai travaillé quatre ans dans la publicité, puis quatre ans en tant qu’hôtesse de l’air. Pendant mes déplacements, je brodais pour passer le temps. Ne trouvant pas de modèles à mon goût, j’ai commencé à les dessiner moi-même. J’ai dû quitter cette profession pour des raisons de santé et j’ai alors envisagé une reconversion. Après réflexion, j’ai créé « Un chat dans l’aiguille ». Dessiner, fabriquer et vendre mes premiers kits de broderie traditionnelle est devenu mon nouveau métier.
Pourquoi « Un chat dans l’aiguille » ?
À la maison, un petit chat adorait jouer avec mes fils lorsque je brodais sur le canapé. L’association du chat et de l’aiguille s’est imposée naturellement. Le nom est un jeu de mots simple et amusant.
Les premiers kits, les débuts ?
Tout a commencé chez moi, où j’avais aménagé une pièce dédiée à couper des tissus et fils, et dessiner mes modèles directement sur la toile. Un article de presse a attiré ma première collaboratrice. Nous avons ensuite acheté une imprimante pour imprimer directement les motifs sur la toile. Ma seconde collaboratrice, rencontrée à la sortie de l’école de mon enfant, a pris le poste d’infographe. La production a rapidement pris de l’ampleur, nécessitant la location d’un local.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout m’inspire : la mode, la nature, les tendances. J’aime particulièrement les saisons, la nature, et le thème du Zen, qui reflètent une part de ma personnalité. J’écoute aussi les demandes des brodeuses. Les couleurs me passionnent, les premières créations étaient classiques en rouge, bordeaux et blanc, mais j’ai rapidement ajouté des couleurs plus douces et harmonieuses.
Les réseaux sociaux offrent une source d’inspiration inépuisable en mettant en lumière le travail de nombreux artistes. Je suis attentive aux tendances tout en apportant ma propre touche.
Utilisez-vous d’autres arts pour vous renouveler ?
La couture, en lien avec la broderie, permet de varier les supports et de complexifier certains kits pour répondre aux attentes des clientes. Les brodeuses intègrent parfois mes broderies dans des patchworks pour réaliser des courtepointes. Je m’inspire aussi de décorations, illustrations, peintures et photos pour mes nouvelles créations.
Le développement du Chat – boutique en ligne, collaborations avec des merceries, équipe qui grandit… racontez-nous votre parcours
Nous avons créé un site internet dès les débuts d’Un Chat dans l’Aiguille, mais il s’agissait principalement d’une vitrine. Il y a deux ans, nous avons lancé un vrai projet de e-commerce. Le site est le reflet de la marque, à laquelle je suis très attachée.
Les collaborations avec les merceries incluent des prêts de modèles brodés et de kits pour leurs journées portes ouvertes. Je partage aussi ces événements sur les réseaux sociaux. L’équipe a grandi de la production familiale à une équipe de neuf personnes, incluant création de modèles, gestion des stocks, community-management, infographie, veille des tendances, et développement technique.
Comment voyez-vous le monde de la broderie ? En changement depuis que vous avez commencé ?
Le monde de la broderie a évolué depuis mes débuts. Longtemps perçue comme une discipline stricte, la broderie traditionnelle est maintenant modernisée et rendue accessible à un public plus large grâce à des tutos en ligne et des cours gratuits, créant un lien avec une communauté mondiale.
Toujours aussi passionnée ?
Pour moi, broder est une forme de méditation. Cela m’apaise et me détend. La communauté en ligne m’inspire par leurs productions et leurs demandes de nouveaux modèles, ce qui me pousse à explorer de nouveaux domaines.
Comment brodez-vous – en musique, en silence, partout, dans un endroit précis…?
Je brode partout où je peux. Mon sac contient toujours fils, aiguilles et ciseaux. À la maison, je préfère broder dans mon canapé devant un film, mais j’apprécie aussi les moments partagés avec d’autres brodeuses dans des endroits calmes, proches de la nature.
Comment choisissez-vous vos matières ?
Mes dessins doivent être simples, faciles à broder et harmonieux. Les supports jouent un rôle essentiel dans la création. Nous utilisons du lin ou du métis (50% lin, 50% coton) avec une trame de 20 fils au centimètre, parfois du coton selon le rendu souhaité. Les fils DMC sont parfaits pour leur large choix de couleurs et leur qualité. Nous investissons également dans une nouvelle machine pour imprimer sur différentes matières et couleurs.
Votre site est aussi accessible en Anglais – quel impact cela a-t-il sur vos ventes ? Sur les modèles proposés ?
Mon objectif est de rendre la broderie traditionnelle accessible à tous. La traduction du site en Anglais a permis de toucher une clientèle internationale, et nous envisageons de le traduire en Espagnol. Nos live sont faits en plusieurs langues pour réunir des brodeuses du monde entier.
Brodez-vous aussi pour le plaisir ? Des motifs que vous gardez pour vous ?
Je consacre principalement ma créativité à mon entreprise, mais il m’arrive de créer des modèles pour des proches.
Quels sont vos projets ?
Nous développons de nouveaux SAL pour les mois à venir et envisageons des Master Classes pour réunir les brodeuses en personne. Nous créons aussi une collection pour enfants. Nous travaillons à la traduction de nos kits en Espagnol, avec des QR Codes pour des explications en vidéo. Notre site internet est en pleine reconstruction pour améliorer notre service tout en restant fidèle à notre univers artisanal.
Quels sont les artistes brodeurs que vous suivez ?
J’apprécie le travail de Pascal Jaouen avec sa broderie Glazig et l’univers poétique de Tamar Nahir Yanai, une artiste israélienne qui brode ses dessins avec des points simples et des couleurs douces.
