Le monde de la broderie est vaste, très vaste, tant dans le temps que dans l’espace et dans la variété des techniques employées.
Depuis plusieurs mois je suis fascinée par les œuvres de Sarah Gwyer et j’ai souhaité rencontrer cette artiste Pop Art anglaise.
Je lui laisse donc la parole. Interview de Claire de Pourtalès

Amy Remixed, 2017 © Sarah Gwyer

Je suis venue à la broderie par un biais peu habituel : avant de commencer mes études j’avais toujours cru que je deviendrai sculptrice, mais à la fin de mon Bachelor je me suis dirigée vers la gravure. Pendant ma dernière année, je travaillais chez Accessorize où j’étais littéralement entourée de perles et de charms. J’ai eu envie de donner plus de texture à mes portraits gravés. J’ai donc naturellement combiné les deux ! Je savais un peu coudre, et les points pour fixer les perles sont assez simples, tout est dans la tension du fil. Au fil du temps, j’ai abandonné la gravure. Mes portraits sont peints ou dessinés sur le canevas ou sur mon tissu de base. J’ai appris les techniques de la peinture à l’aiguille, pour pouvoir travailler sur des projets plus petits. J’ai appris le passé empiétant, le point de chaînette et le point de nœud par des vidéos en ligne. J’ai aussi commencé à apprendre la technique de la broderie d’or.
Catherine, 2020, 66 x 41 cm © Sarah Gwyer
J’adore travailler avec les fils et les perles – j’ai l’impression de raconter une histoire et de tisser mon chemin vers quelqu’un. Les arts textiles sont très sous-évalués et sous-représentés dans les expositions par rapport aux autres techniques. Cela me donne envie de travailler avec ce medium qui est si souvent perçu (et (dé)considéré), comme un « hobby de femme ». J’ai envie de montrer son potentiel.
Elton, 2020, 33 x 33 cm – détail © Sarah Gwyer


Quand que je travaille à une œuvre, j’ai souvent des idées pour les suivantes. Une fois mon sujet choisi, je regarde des centaines d’images de cette personne sur internet pour créer un montage qui la reflète. Je dessine les lignes principales puis je commence par broder les yeux. J’ai tendance à travailler de l’intérieur vers l’extérieur, en laissant les zones difficiles pour les jours où la lumière est meilleure ou ma maison plus tranquille ! Je sculpte aussi et dans ces cas-là j’enveloppe un objet trouvé dans un canevas, en ajoutant du rembourrage là où c’est nécessaire.
Je travaille dans mon studio à la maison. Je suis au milieu de larges pots de perles, de charms, de sequins, etc. Ces jours-ci, avec mes enfants à la maison, j’ai du mal à trouver du temps pour travailler.
Lizzo, 50 x 50 cm, oeuvre en cours © Sarah Gwyer
J’ai aussi des difficultés à maintenir le niveau de ma collection de perles : plusieurs magasins ont dû fermer ces dernières années. J’essaye toujours d’acheter chez de petits vendeurs indépendants. Parfois je reçois aussi des dons en perles, ou même en bijoux. Cela me permet d’avoir une grande variété de matières pour travailler. J’adore mes perles mais je dois veiller à leur poids et à leur taille, pour qu’elles puissent jouer leur rôle dans la réalisation d’un portrait ressemblant. Je travaille avant tout avec des perles en verre (je n’achète plus de plastique) et leur poids peut devenir un problème (mauvaise tension par exemple).
Elton, 2020, 33 x 33 cm © Sarah Gwyer


Broder est un excellent moyen de se « vider la tête » et je brode souvent en regardant des séries policière ou l’émission « Location, Location, Location ». J’aime ne pas être complètement concentrée sur mon travail, car, curieusement, les points, le choix des perles, est plus harmonieux ainsi.
Je travaille généralement sur deux-trois pièces en même temps, dont l’une sera toujours une sculpture. Cette habitude m’aide à ne pas avoir de douleurs liées aux gestes répétitifs. Parfois c’est tout simplement parce que j’attends une perle qui vient des États-Unis par exemple. En faisant plusieurs travaux à la fois, je peux toujours continuer à travailler.
Catherine, 2020, 66 x 41 cm – détail © Sarah Gwyer
Pour l’instant l’art ne me fait pas vivre. Jusqu’à septembre 2019, j’avais mes deux garçons à la maison – j’ai encore le plus jeune ! Avant le confinement, je travaillais aussi à mi-temps dans le Centre d’Art local et j’espère pouvoir y retourner rapidement ! Je pense que quand mon second fil sera à l’école, j’aurai plus de possibilités. Je reçois quelques commissions chaque année – j’ai même travaillé sur des accessoires de mode, ce qui est toujours amusant et me permet d’essayer de nouvelles choses dans mon art.
Topical Tropical, 2020, 37 x27 x 18cm © Sarah Gwyer


George, 201, 23 x 23 cm – détail © Sarah Gwyer
Mon prochain grand projet est un Triptyque en peinture à l’aiguille de Lady Gaga, Lizzo et Taylor Swift. Je pense que cela me prendre la plus grande partie de l’année, si ce n’est plus mais je suis très excitée à l’idée de commencer.
J’adore voir la réaction des gens quand ils découvrent mon travail. Mon idée est d’être facilement accessible à tous, dans un esprit ludique. J’adore quand les gens se penchent pour voir les détails de chaque perle ou charm. Souvent j’ai des clients qui me disent découvrir une nouvelle perle qu’ils n’avaient pas vu alors même qu’ils avaient l’œuvre chez eux depuis longtemps !
En dehors de mes perles, j’adore jouer avec les Lego. Je passe tellement de temps à imaginer des formes en 3D que construire quelque chose en suivant des instructions me fait beaucoup de bien – c’est thérapeutique !
Mes fils ont aussi pris le virus et ils y passent des heures – parfait pour me laisser broder tranquillement !
Retrouvez Sarah sur Instagram – https://www.instagram.com/sarahgwyer/
sur Facebook – https://www.facebook.com/sarahgwyerartist
et sur son site – http://www.sarahgwyer.com/
Le contenu de ce site est accessible gratuitement et n’est pas modifié par de la publicité. Ce travail prend du temps et pour être sûre de pouvoir continuer à faire connaitre nos artistes et l’art de la broderie, j’ai besoin d’un peu d’aide. Si une fois à l’occasion vous pouvez faire un petit don, je vous en serai très reconnaissante! Merci! Claire
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