Fondée en 2014 par Fadila El Gadi, artiste styliste, l’École des Arts de la Broderie de Salé (CABS) propose un cursus complet à des jeunes en difficulté. Cette école a pour double but de soutenir des jeunes en leur offrant une formation professionnelle complète de trois ans tout en préservant le patrimoine culturel et artistique du Maroc.
Les cours sont variés pour assurer une formation à la fois humaine, créative, académique et professionnelle. Les jeunes reçoivent ainsi des cours de français, arabe, mathématiques, des cours de perlage et de broderie, peuvent suivre des ateliers de chants ou de théâtre, font des sorties culturelles, etc.
L’école repose sur la générosité de Fadila El Gadi, des professeurs souvent bénévoles, de dons et de sponsoring. Elle accueille aussi volontiers des professeurs pour un cours exceptionnel. Je vous invite à suivre Cecilia Roger, artiste brodeuse, lors de son cours de Haute-Couture, du 6 au 12 mai dernier.
Les élèves et Cecilia Roger
Tout a commencé sur Instagram. Cecilia recherchait des écoles de broderie et découvre l’école de Salé. Rapidement séduite par les travaux des enfants et leur visible enthousiasme, elle prend contact avec la fondatrice, à qui elle propose de venir bénévolement et avec le matériel nécessaire pour donner un cours d’une semaine. Pour que les enfants puissent profiter le mieux possible de cet enseignement, seul les cours de français sont maintenus.
Le matin, Cecilia accueil tous les enfants (un groupe de 14 élèves de 12 à 18 ans), puis elle les accompagne plus individuellement l’après-midi, quand l’un des groupes va suivre un cours de français.
L’idée de départ était de se familiariser avec le crochet de Lunéville (technique de base utilisée dans la Haute Couture) : apprendre à utiliser ce crochet pour poser des paillettes, des tubes, des perles. Après plusieurs jours, les enfants devaient pouvoir broder entièrement un modèle de broche en utilisant ces nouvelles techniques.
Devant la grande différence d’âge et de niveau, Cecilia a dû s’adapter, réorganisant son programme chaque soir pour le lendemain. Mais elle a été heureusement marquée par l’entêtement de ces jeunes, bien décidés à apprendre ces techniques. Si elle a été étonnée par « les petites siestes spontanées » que faisaient certains enfants (après tout, on était en plein ramadan), et leur grand besoin d’être au centre de l’attention (« Maitresse » réclamée toutes les trois minutes par chaque élève !), Cecilia a pu noter leur grand désir de réussir qui les faisait faire et refaire chaque point jusqu’à le maitriser parfaitement.
Le dernier jour, elle leur a proposer une mise en situation professionnelle : la « couturière devait venir chercher le travail à 17h, pour l’assembler pendant la nuit et l’apporter à la cliente le lendemain à la première heure ». Ceux qui avaient un peu d’avance (notamment deux jeunes filles qui avaient bénéficié d’un stage à la Maison Montex à Paris en octobre 18) ont donc été mis en duo avec les enfants plus lents/jeunes. L’expérience a été un grand succès : avec beaucoup de bienveillance et de rires, tous les enfants ont pu terminer leur broche à temps pour la « couturière ».
En août, un autre artiste brodeur espagnol viendra donner à son tour un cours de deux semaines. Et en septembre, deux des plus jeunes élèves iront à Paris suivre un stage à la Maison Montex. Cecilia souhaite aussi pouvoir accueillir l’une des élèves dans son atelier.
Ces expériences hors de l’école sont très importantes pour ces jeunes qui ont rarement la possibilité de quitter leur ville. Les liens qu’ils établissent avec des créateurs du monde entier est précieux pour leur avenir.

Les élèves avec Fadila El Gadi
Si vous souhaitez soutenir ce magnifique projet, vous pouvez devenir sponsor en fourniture en offrant du matériel à l’école via Cecilia Roger (cr@ceciliaroger.com) ou Le Temps de Broder (info@letempsdebroder.com).
Pour faire un don https://www.lepotcommun.fr/pot/9c6316yx
http://www.ecoledebroderie.ma/
https://www.instagram.com/explore/tags/ecoledebroderiedesale/
Fadila El Gadi
Elle entre en 1990 à l’école de stylisme de Rabat, puis vend ses premières créations en Italie.
Par un joli concours de circonstance, elle rencontre Yves Saint-Laurent, qui, convaincu par son talent, fait d’elle la créatrice attitrée de sa boutique au Jardin Majorelle de Marrakech. Elle est aujourd’hui l’une des stylistes les plus remarquées du milieu de la mode.
http://fadilaelgadi.com/
Quelques points marocains
Le point de Fes – un point compté (Terz del ghorza) qui permet de broder les deux faces du tissu de la même manière. Traditionnellement géométrique, il est monochrome, et utilise surtout le bleu, le noir, le rouge vif ou le grenat.
Le Point de Randa – Sorte de dentelle à l’aiguille, il est surtout utilisé pour broder les bords des vêtements.
La broderie de Tétouan – Sa particularité est d’utiliser un coussin plié en deux pour fixer le tissu à broder sur trois bords, au lieu d’un cadre en bois.
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