Trois kimonos sous la loupe

03/12/2019

Les Kimonos sont bien souvent des bijoux de tissu, des œuvres d’art d’une fantastique richesse technique et artistique.
Ils se retrouvent ainsi régulièrement dans des musées pour le plus grand plaisir de nos yeux.
Le Victoria and Albert Museum possède une belle collection, dont 3 kimonos du début du 19ème siècle qui offrent des motifs et des techniques très intéressants.

Le plus ancien des trois (1780-1820) est en soie. Plusieurs techniques ont été utilisées pour le décorer : les pochoirs, la broderie de soie et d’or, l’encre noire. Les motifs traditionnels des longues tiges de bambou décorent presque tout le kimono. Mais on trouve aussi des caractères dans les couleurs et techniques utilisées pour les motifs. Ces caractères proviennent de différents poèmes compilés en 905 (Anthologie Kokinshu), connus sous le nom de Poèmes des Félicitations. Incorporer ces textes sur un kimono servait à démontrer la culture littéraire de son propriétaire. Les poèmes choisis évoquent des vœux pour une longue vie et utilisent les symboles qui y sont associés : la tortue et le héron.

La coupe de ce kimono a été modifiée par la suite, probablement pour être adaptée à une nouvelle époque.

Il fait 1 m 80 de long sur 1 m 30 de large.

Kimono, 1780-1820, Japon – © FE.106-1982 Victoria and Albert Museum
On peut voir ici très nettement les différentes techniques utilisées – encre, pochoir, soie et fils d’or
Kimono, 1800-1850, Japon – © FE.11-1983 Victoria and Albert Museum

Le deuxième kimono fait partie des furisode («manches flottantes») qui étaient portés par les jeunes filles célibataires. Les armes de sa famille sont brodées sur les épaules au fil d’or. La jeune propriétaire devait faire partie d’une famille de samouraï, l’aristocratie militaire au Japon lors de l’époque Edo (1615-1868). Ce kimono se termine par un large ourlet rembourré qui suggère qu’il était porté à l’extérieur, comme un manteau (uchikake). Il n’était pas fermé par un Obi (large ceinture), ce qui permettait aux magnifiques motifs brodés d’être bien en vue.
Il est en soie. Le décor se limite à quelques cercles évoquant des éléments naturels. Mais chaque cercle aborde une technique différente, et chacun est comme un tableau unique et magnifique. Ces rondeaux sont brodés de soie et de fils métalliques. Le point le plus employé est le passé plat, avec parfois un peu de passé empiétant. Les fils métalliques, de plusieurs couleurs, sont couchés avec des fils de soie.

Il fait 1 m 89 de long et 1 m 24 de large.

Notre troisième kimono a d’abord été fabriqué pour une jeune mariée (choix des couleurs (surtout le rouge) et des motifs), puis ses manches ont été recoupées, peut-être pour pouvoir utiliser le kimono au quotidien.

Le motif principal est l’orange et sa fleur. Il est parfois brodé de fils d’or, couché par des fils de soie rouge. Parfois l’orange est laissée blanche (la couleur originale du tissu) et on a utilisé la technique de la teinture « renoué » ou par ligature (Shibori) pour garder ces espaces blancs au moment de teindre le tissu en rouge. Les feuilles sont réalisées au passé plat avec deux teintes de vert (filaments de soie plate). Les tiges étaient brodées en noir, mais le fer contenu dans la teinture a fini par détruire le fil et le dessin préparatoire peut se voir à plusieurs endroits.

Entre les branches d’oranges, on retrouve le motif du papillon. Comme pour les oranges blanches, le tissu a été soigneusement pincé ou tordu avant la teinte pour laisser des espaces blancs, évoquant les contours du motif, ou le remplissant entièrement. Ce motif était traditionnellement ajouté au col d’une bouteille de saké lors des mariages, symbole de l’harmonie dans le couple.

Le kimono fait 1 m 85 de long et 1 m 37 de large.

Kimono, 1800-1850, Japon – © FE.101-1982 Victoria and Albert Museum

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