Anne Hutchinson

Sacagawea (v. 1788- 1812)
Issue de la tribu des Shoshone, cette jeune femme fut d’une grande aide pour Lewis et Clark lors de leur expédition vers le Pacifique (1804-1806). Elle leur servi d’interprète et sauva du désastre l’expédition plusieurs fois.

Son set de table
Chicago a utilisé les motifs linéaires traditionnels des Shoshone, en particuliers ceux ornant les vêtements des femmes. Le set est constitué d’une peau de daim tannée à la main. Les bords sont brodés de franges ornés de quelques 40’000 perles (rocaille opaque). La broderie de perle autour de son initiale fait référence à la traduction de son nom en Hidatsa (la tribu qui l’a enlevée et adoptée à 12 ans) : Femme Oiseau.

Sacagawea

Mary Wollstonecraft (1759-1797, Angleterre)
Mary Wollstonecraft était une écrivaine anglaise, surtout connue pour son traité Défense des droits de la femme. Elle est aussi la mère de Mary Shelley, auteure de Frankenstein.

Son set de table
Mary Wollstonecraft a dû se battre contre les règles étouffantes qui géraient la vie des femmes de l’époque. Chicago décide de l’évoquer en brodant une série de scènes pastorales aux points traditionnels, en ajoutant d’autres techniques comme le crochet, le stumpwork ou le petit point. Cette broderie très méticuleuse crée un contre-point frappant avec la vie hors normes de Wollstonecraft.
Chicago choisit d’ajouter des motifs traditionnellement associés au monde féminin : papillons, oiseaux, fleurs, pour souligner la trivialité de ces vies aux « accomplissements si futiles ». Le dos du set illustre sa mort en couches.
Autour de son initiale, sur le devant du set, on retrouve deux symboles qui résument sa vie : un chapeau haut de forme et un gant de femme, que Wollstonecraft a rejetés en disant : « Il est temps que les femmes retrouvent leur dignité et de leur rendre leur place dans la race humaine. ».

Mary Wollstonecraft

Sojourner Truth (1797-1883, USA)
Née Isabella Baumfree, cette abolitionniste et suffragette est considérée comme la première personne à identifier la nature commune entre les luttes antiesclavagistes et les luttes pour l’émancipation des femmes.

Son set de table
Chicago reprend ici les doubles racines de Truth : le quilting américain et les motifs africains. Les bords sont décorés en utilisant une technique africaine de fils tirés, traditionnellement utilisée par les esclaves. Cette technique est associée à une sorte d’appliqué importé par les femmes européennes en Amérique. Cette combinaison représente la fusion de deux cultures dans le développement des quilts américains.

Sojourner Truth

Emily Dickinson (1830-1886, USA)
Elle est considérée comme l’une des plus grandes poétesses de la littérature américaine. Ses écrits ont souvent été utilisés par la cause féministe.

Son set de table
Chicago souhaitait marquer le contraste frappant entre les écrits féministes et passionnés et la vie de recluse de Dickinson. Le set est réalisé en dentelle et filet, tachés de thé et de café pour le vieillir. On y retrouve toutes les techniques des travaux d’aiguille typiques de l’ère victorienne comme la broderie au ruban, montrant la limite des activités auxquelles pouvaient s’adonner les femmes.

Emily Dickinson

Ethel Smyth (1858-1944, Angleterre)
Cette compositrice anglaise a aussi été sur le devant de la scène féministe, écrivant l’hymne de l’association : La Marche des Femmes. En 1922, elle devient Dame Commandeur de l’Empire britannique.

Son set de table
Le set reprend des éléments liés à la portée musicale, en accentuant la note Mi (E, en anglais, comme son initiale), incorporée dans l’image de la clé de sol (G). Sur le dos du set a aussi été brodé un métronome.

Le set représente un patron de costume en tweed, prêt à être découpé. Les pièces ont été diminuées pour tenir sur la taille du set, une métaphore de la manière dont le talent de Smyth a été réduit simplement parce qu’elle était une femme. Smyth préférait aussi les vêtements masculins, un style plutôt scandaleux pour l’époque.

Un mètre de couturière joue sur le mot « mesures », utilisé à la fois en musique et dans la couture. Les nombreuses poches font références aux poches portées par les femmes du XVIII et XIXème siècles dans lesquelles on trouvait des objets tels que clés, aiguilles et autres symboles de la féminité et des travaux d’intérieur.

Ethel Smyth

Natalie Barney (1876-1972, USA, France)
Poétesse et écrivaine, elle était connue pour ses salons hebdomadaires qui rassemblaient l’élite des artistes et des écrivains du monde occidental. Elle est aussi célébrée pour avoir vécu et écrit en tant que lesbienne à une époque où cela était impensable.

Son set de table
Le lys, important symbole de l’Art Nouveau et fleur très populaire à la fin du XIXème siècle, est brodé autour de son initiale. C’était aussi le symbole de Liane de Pougy, sa première amante. Natalie adopte la fleur à son tour. Le tissu, une soie des années 20-30 de style Art Déco, ressemble aux ailes d’un papillon. Certaines parties sont soulignées de perles noires en verre. D’autres sont recouvertes de plusieurs couches de tissus transparents pour suggérer la nature luxuriante de la vie de Barney.

Natalie Barney

Georgia O’Keeffe (1887-1986, USA)
L’une des peintres les plus connues des États-Unis, elle est aussi considérée par certains comme étant la mère du mouvement artistique féministe, à une époque où le monde de l’art (artistes, critiques, galeristes, collectionneurs et conservateurs) étaient dirigé uniquement par les hommes.

Son set de table
Chicago a choisi de peindre ce set de couleurs représentant l’œuvre de O’Keeffe. Le tissu est une pièce de lin brut qui était utilisée par les peintres comme canevas. Il est attaché à deux barres de bois de cerisier pour évoquer le chevalet.
Sur le devant du set, l’initiale de l’artiste est peinte selon sa propre méthode, influencée par l’ouest américain : la lettre G est ainsi peinte en forme de bois de cerf.

Georgia O’Keeffe