Aheneah – De la broderie sur les murs

29/10/2019

Quelle est votre histoire avec la broderie ?
J’ai grandi en voyant mes arrière-grand-mères, mes grand-mères et ma mère coudre, tricoter et broder ensemble. Je les voie encore échangeant des magazines et des conseils. Il était inévitable que j’essaie. J’avais envie de faire partie de ce « club ». Dés que j’avais du temps libre, je voulais apprendre quelque chose de nouveau.

Choix… © Matilde Cunha
Aheneah © Matilde Cunha

Mais un jour j’ai découvert le point de croix et ma vision de la broderie a complètement changé. Alors que je suivais mes cours de Graphisme, j’ai vu ma grand-mère broder au point de croix un linge de cuisine et j’ai été stupéfaite : je réalisais que les points de croix étaient comme des pixels. Deux formats venant de deux générations, l’un très traditionnel, réalisé à la main, l’autre né de l’évolution digitale.

Aheneah préparant Matriz © Pedro Seixo Rodrigues
Aheneah préparant Matriz © Pedro Seixo Rodrigues
Matriz © Pedro Seixo Rodrigues

En tant qu’étudiante en graphisme, les pixels étaient mon outil de travail. Il a suffi d’un pas pour que je comprenne tout le potentiel du point de croix. Je n’ai pas réfléchi longtemps avant de commencer à explorer et à avancer vers un autre niveau. L’influence des graffiti a été très importante et m’a conduit à aller « dehors ». Ce que je n’avais pas prévu c’était de me retrouver face à une pièce de point de croix plus grande que moi-même, devant aller physiquement tout proche pour voir les détails et les textures et prendre une bonne distance pour voir la pièce entière.
Aujourd’hui je ne fais plus de broderie traditionnelle : mon travail est la dé-construction du point de croix.

Go big or go home © Aheneah
No glass to hold me © Aheneah

Quel est votre processus créatif ?
Je dis souvent que je saute sans cesse de l’analogue au digital et vice versa. Je commence toujours par travailler sur mon programme digital pour organiser mon projet. Cela va plus vite ainsi pour moi. Après quoi, je passe à la production manuelle. Je dois dire que c’est cette phase qui m’enrichi le plus. Non seulement parce qu’elle me permet de travailler avec mon équipe de rêve (mes grand-mères et ma mère) mais aussi parce qu’elle me permet de rencontrer des gens, d’être en contact avec eux. Je dois souvent travailler dans une ville différente ou dans un autre atelier et ces liens sont très précieux. Je suis émerveillée par le fait que mon travail ait un aspect de communication. Partager mes techniques avec les gens qui vivent sur place, les rendre partie prenante du projet, écouter leurs histoires, leurs envies, leurs idées me permet d’être toujours inspirée et de continuer à avancer.

Semear (Semer) © Rute Ferraz
Switch Over ©Aheneah

Considérez-vous votre travail comme de la broderie ?
Oui, car ma technique est née des enseignements de la broderie traditionnelle. Ce n’est pas tant ce qu’elle est maintenant qui est important, que d’où elle vient. L’avenir c’est de découvrir un nouveau sens aux choses, tout en gardant les racines et les enseignements reçus.

Quel est le concept derrière votre œuvre ?
Mon but est de construire une communication entre les différentes générations, cultures ou origines. Bien sûr, chaque nouvelle installation porte en elle un message différent qui dépend de l’œuvre, du lieu, des gens qui y participent ou qui sont touchés. Mais mon envie reste de participer à la création d’un dialogue et de faire que la communauté continue d’évoluer.
A travers mon art, je suis sûre que j’ai encore beaucoup de choses à découvrir et à partager. Il y a tant de choses qui existent et qui restent à mettre en lumière.

Vos œuvres sont installées à l’extérieur, n’avez-vous pas peur qu’elles soient abimées ?
Ce qui me plait le plus c’est justement cet aspect éphémère. Rien ne dure dans ce monde. Pour moi, c’est magique de ne pas savoir ce qui va se passer, de voir comment chaque pièce réagi à son contexte, comment elle va se transformer.

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