Les Babouchkas de Tchernobyl – une exposition entre broderie et liens humains

30/09/2019

Tchernobyl, la ville qui a subi le plus terrible accident nucléaire de l’Histoire en 1986 est toujours considérée comme inhabitable. Mais il reste quelques survivants, quelques résistants à la volonté tenace qui souhaitent y habiter.
Cependant, cette communauté est en train de s’éteindre. Il ne reste plus environ que 85 personnes, souvent isolées et âgées de 80 ans ou plus. Leur héritage culturel et traditionnel est en train de disparaitre.

Dans un premier temps, Claire Baker a organisé un projet, La Broderie comme langage, pour découvrir comment un intérêt commun – la broderie à la main – pouvait créer des liens forts et permettre le partage d’informations importantes sur les traditions textiles régionales, afin de préserver le passé et de le prolonger vers le futur.
Elle a ainsi introduit l’idée d’une broderie commune, réalisées par plusieurs femmes à travers de longues distances. Claire brodait avec chacune d’elles et emportait l’œuvre vers la prochaine brodeuse, les liant ainsi les unes aux autres.
A travers ces rencontres de femmes ne parlant pas la même langue, l’artiste a pu mettre en avant combien le langage du fil est universel.
Après plus de 5 ans de voyages dans une région grande comme le Luxembourg, mais où ne vivent qu’une poignée de personnes âgées, Claire a préparé son exposition.
Les œuvres ont été prêtées ou données par les Babouchkas de Tchernobyl.

Baba Hana chez elle ©Lucy Baker

Le but de cette exposition est de faire connaitre cette communauté avant sa disparition et de montrer comment les œuvres artistiques et les mémoires, individuelles et collectives de ces femmes, peuvent leur survivre.
Claire A. Baker, une artiste du textile, a su rejoindre ces Babouchkas de Tchernobyl grâce au partage des mêmes techniques artistiques et culturelles. Cette exposition met en lumière ces échanges uniques et comment le fait de travailler ensemble peut créer des liens humains riches et profonds. Cet échange a permis à des gens très isolés de retrouver un lien non seulement entre eux, mais aussi par-delà les frontières culturelles et géographiques.
Les artistes se sont inspirés des motifs traditionnels connus à Tchernobyl et dans sa région, combiné avec les dessins de la broderie contemporaine anglaise.
Les broderies des Babouchkas et la réponse textile de Claire à cette expérience peuvent être découvertes à travers une série de photographies et de vidéos.

Les Babouchka étaient nerveuses, disant qu’elles ne pouvaient plus broder. Mais j’ai insisté, préparant les aiguillées, faisant le premier nœud et les encourageant à choisir leurs couleurs et leurs premiers points, pointant du doigt et souriant… et la magie a eu lieu. Tête baissée, regard intense, chacune a su retrouver les gestes d’avant, tournant l’aiguille dans ses doigts, lentement plongeant le fil pour exécuter un premier point, puis peu à peu, les yeux brillants, réalisant toute une broderie. Elles étaient si heureuses ! Elles ne pouvaient broder que quelques minutes à la fois, une feuille, un rang, mais leur concentration était intense et visible, leurs visages submergés de leurs souvenirs. C’était des moments extrêmement précieux et captivants, à un degré que je n’avais jamais envisagé. »
Claire A Baker

Baba Hana aidée par Claire Baker @Lucy Baker
Les Broderies de Baba Hanas @Lucy Baker

Claire est la fondatrice et la principale artiste du Collectif 26:86. Elle est conférencière à la Northern School of Art pour le Textile et le Dessin. C’est aussi une brodeuse d’art spécialisées.

Des visites avec l’artiste peuvent être organisées – prendre contact avec les organisateurs de l’exposition

Vous pouvez également retrouver les photos du vernissage sur le compte instagram de Claire: claire_a_baker

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