Aomori est une ville et une préfecture du Nord du Japon, connue pour son froid et ses abondantes précipitations de neige. Les seigneurs féodaux qui y régnaient autrefois étaient particulièrement strictes : les paysans n’avaient qu’un choix bien limité de plantes (chanvre, rami) pour fabriquer leurs tissus. Et pourtant, ces restrictions ont permis de créer des œuvres d’art.
Reportage d’Alison Watts, traduit par Claire de Pourtalès
Toutes les photos sont protégées ©Alison Watts – Merci de ne pas les copier sans son autorisation.

L’exposition a eu lieu à Tokyo en 2018, dans le musée Amuse. C’est là que se trouve la collection de textiles de Chuzaburo Tanaka. Chercheur et écrivain, M. Tanaka a passé 50 ans à collectionner les objets et histoires des gens ordinaires vivant dans les lieux les plus reculés du Japon. Il a pu rassembler une superbe collection dont 786 pièces de tissus reconnus par le Gouvernement japonais comme Propriété Tangible Importante de la culture populaire. L’exposition de Tokyo permet de voir 33 pièces en provenance de Tsugaru, la région la plus à l’Ouest de cette préfecture.


Ces kimonos étaient généralement brodés avec des fils blancs (chanvre ou rami) puis ensuite teints à l’indigo ©Alison Watts
Le climat de cette région est beaucoup trop froid pour y cultiver du coton. Les paysans utilisaient donc du chanvre pour fabriquer leurs tissus. Le chanvre servait pour tout : les vêtements, les sous-vêtements, les couches pour nourrissons, les lits (futon). Deux clans se partageaient la région : Les Tsugaru à l’Ouest et les Nanbu à l’Est. Les deux seigneurs interdisaient l’utilisation du coton et de la soie par leurs sujets, car ces matériaux devaient être importés à grands frais des autres régions. De plus, les paysans ne pouvaient utiliser qu’une seule couche de tissu par vêtement. De là est né un point de sashiko – kogin sashiko – particulièrement dense pour rendre ces vêtements les plus chauds et les plus solides possible.
Ce kimono était porté pour les grandes occasions : il est plus long que les kimonos portés pour travailler. Sa propriétaire était une femme habitant une ferme de Hirosaki. Le travail de broderie est ici très proche de celui de la dentelle ©Alison Watts


Les manches de cette pièce, cousues juste après la Seconde Guerre Mondiale, ont été altérées pour rendre les mouvements plus faciles. Ce kimono est le seul qui porte deux types de points : kogin sashiko sur la partie supérieure, et hitomezashi (sashiko d’un point) pour renforcer le tissu dans la partie inférieure ©Alison Watts

Il existe plus de 200 motifs géométriques dans la broderie de Tsugaru.
Avec l’arrivée du train à la fin du 19ème siècle, une importante différence va apparaitre entre les deux régions : à l’Est, le seigneur Nanbu autorisa l’importation de fils de couleur, mais à l’Ouest, le seigneur Tsugaru l’interdit. Les kimonos Tsugaru sont donc simplement blanc et bleu.




Alison Watts est originaire d’Australie et vit au Japon. Elle est passionnée de Sashiko et tient un blog très intéressant sur ce sujet. Elle a accepté que je traduise et partage deux de ses articles sur le sujet. Thank you very much Alison !
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