Le 16ème et le 17ème siècles ont vu se développer l’art de la broderie pour l’usage domestique, en particulier en Angleterre. Avec le règne d’Élisabeth Ière, ou Age d’Or, de plus en plus de personnes pouvaient s’offrir des vêtements, des tapis, des objets brodés.
Admirons cette boîte à bijoux entièrement brodée et connue sous le nom des Cinq Sens (1675-1690).
Elle est décorée non seulement de fils de soie et de métal (or, argent), mais aussi de perles de culture, de corail, de mica et même de cheveux humains.
Les visages des cinq femmes représentant les cinq sens sont dessinés à l’encre ; le miroir tenu par La Vue est entouré de fragments de mica pour mieux réfléchir son visage.


Ci-dessus, la boîte ouverte / A droite, le couvercle représentant l’ouïe
Un nombre étonnant de ces objets nous sont parvenus. Les motifs reflètent les pensées et réflexions d’alors sur la nature, la foi, les relations familiales ou la royauté. La broderie était la technique préférée pour décorer les intérieurs des maisons, les vêtements, les habits de cours ou les vêtements sacerdotaux.

Deux types de motifs dominent cette période : la faune et la flore ainsi que les personnages de la Bible. Ceux-ci sont souvent entourés de fruits plus grands que nature, de fleurs luxuriantes, d’animaux s’amusant librement.

Les yeux du lion sont en perles de verre

L’impression d’un nombre toujours grandissant de livre de modèles pour la broderie démontre l’engouement pour cet art auprès des amateurs qui pouvaient à la fois s’offrir des livres et des fournitures de broderie. Ces livres de modèles ont d’abord été imprimés en Europe continentale et importés en Angleterre. Le premier livre de modèles anglais a été imprimé vers 1590. On copiait les illustrations des Bibles ou des motifs séculiers comme la personnification des Cinq sens, des Quatre Saisons ou des Quatre continents.
De petites boîtes nommées cabinets étaient très populaires en Europe. Les collectionneurs utilisaient ces boîtes richement brodées pour entreposer leurs collections de pierres précieuses ou de d’objets naturels.

L’odorat

Fonds marins – notez la présence de perles de culture et de perles de corail
Durant le 17ème siècle, la mode s’est tournée vers la « broderie en relief » (ou Stumpwork). Les écolières devaient souvent réaliser une boîte ainsi décorée pour marquer la fin de leurs études. On y rangeait les instruments pour écrire, des lettres, des bijoux et d’autres objets personnels.
Le développement des couleurs pour teindre les fils de soie, les techniques de plus en plus sophistiquées pour créer des fils de métal de tailles, épaisseurs et formes différentes lié à une demande forte pour ce type d’art ont permis à la broderie d’atteindre un très haut niveau de qualité.
On utilisait volontiers les surfaces réfléchissantes variées des métaux pour créer un effet tonal changeant qui se mariait avec la polychromie grandissante des fils de soie.
Les effets de reliefs devinrent de plus en plus sophistiqués, jusqu’à intégrer des motifs brodés entièrement en relief. Cette technique a connu une grande mais brève popularité : au début du 18ème siècle elle n’était déjà plus à la mode.

La Vue, détail – Le miroir est entouré de fragments de mica pour évoquer à la fois la vue, et le reflet du visage de la Dame.

L’Ouïe – détail
Boîte anglaise, 14.6 x 22.9 x 19.1 cm.
Metropolitan Museum of Art, New York – 29.23.1
Traduction libre – Le Temps de Broder
Sources
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/222231
Cristina Balloffet Carr https://www.metmuseum.org/toah/hd/mtee/hd_mtee.htm
Melinda Watt https://www.metmuseum.org/toah/hd/broi/hd_broi.htm
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